Un livre de Rozenn MONEREAU
* chez " Le Cherche Midi "
Rozenn MONEREAU !
Un NOM pour NAITRE !
Un NOM pour NAITRE !
Présentation de l'éditeur :
Le 17 mars 1960, une petite fille naît à la Pitié-Salpêtrière... Mais elle est " issue du péché " ! Sa mère devant aller se reposer en sanatorium, elle est donnée, par l'entremise d'une communauté de soeurs franciscaines, à une " bonne chrétienne " en mal d'enfant. Malgré tous ses efforts, la vraie mère ne pourra jamais récupérer sa fille. Pour l'enfant, ce seront des années de mauvais traitements, de terribles doutes sur sa légitimité qui la conduiront adulte au bord de la folie. Après quarante ans de recherches obstinées, elle acquiert enfin la certitude que ces parents-là sont des imposteurs. C'est la confirmation qu'elle n'était pas folle, mais aussi la terrible découverte d'une vie entière de mensonges. Elle pourrait se décourager lorsque l'administration hospitalière l'informe qu'elle est " née sous X ", ce qui interdit de lui dévoiler le nom de sa mère ou quand d'autres prétendent que cette dernière est décédée. Cette nouvelle la broie, mais son intuition est plus forte encore. Au terme d'une lutte contre l'administration, le clergé et sa propre famille la conduisant de détective en généalogiste, d'associations en avocats, elle réussit à retrouver sa mère. Bien vivante ! Et elle apprend enfin la vérité sur le rapt dont elle a fait l'objet. Malheureusement, sa mère décède six mois plus tard. Elle continue à se battre pour faire officiellement partie de sa vraie famille, et retrouver les nom et prénom que ses vrais parents lui avaient donnés. Après un long et difficile combat juridique - unique dans les annales judiciaires-, sa fausse mère est reconnue coupable de son enlèvement. La congrégation échappe à toute poursuite... Elle est actuellement en procès avec la Pitié-Salpêtrière. Quarante-huit ans plus tard, elle retrouve son véritable prénom : Rozenn, son nom : Monereau, et signe ici un ouvrage non seulement émouvant et déchirant, mais qui dénonce tout un système pervers dont la loi sur l'accouchement sous X est l'épicentre.
Pour faire suite à la suite de cette merveilleuse, poignante et dramatique histoire
.Mon père inconnu
Le 5 juin dernier, des millions de téléspectateurs regardent, à la télévision, le film de Yann Arthus-Bertrand « Home»…
Ce même soir, il .m’est impossible de me détacher des photos reçues le matin même : celle de mon père de naissance, Roger Noël et que je glisse sous mon oreiller avant de m’endormir. Je ne peux pas me séparer de lui !
Cela fait huit ans que j’ai retrouvé ma maman et on me répète souvent que je lui ressemble.
Or, ce jour, je découvre, avec ravissement, que…je ressemble aussi à mon papa !
C’est un beau cadeau de la vie.
Ces dernières années, il ne s’est pas passé un jour sans que je pense à lui et ce qui lui a été fait : preuve est maintenant établie que j’ai été volée à ma maman et à ma famille biologique mais, il apparaît tout aussi certain que j’ai été volée à papa, sans que je sois ramenée à ce que j’imagine de la souffrance de mon père : jeune homme de 28 ans lors de ma conception, il attend avec impatience la venue de l’enfant que porte sa compagne bien-aimée, Simonne…il va bientôt être papa ! Lui qui aime tant les enfants se sent béni.
Mais Simonne est malade est reste hospitalisée presque tout le temps de sa grossesse .Elle prend des dispositions pour le bébé à naître sur les conseils d’une religieuse assistante sociale.
Celui-ci sera confié à une « marraine » qui prendra soin de lui pendant son séjour en sanatorium, près de Grenoble.
Pourquoi ne prend-elle pas la décision de me confier à papa ou la famille de celui-ci ? Est-ce parce qu’elle est encore officiellement mariée et que, preuve vivante de son adultère, elle doit se montrer discrète pour ne pas perdre son divorce ? Parce qu’un lien de filiation juridique ne peut être établi avec mon papa ?
Parce qu’à cette époque les papas ne savent pas s’occuper des nouveaux-nés comme ils ont appris à le faire depuis ?
Qui pourrait me le dire ?
Quelques temps avant ma naissance, maman essaie de lui faire parvenir une lettre dans laquelle elle lui fait part de l’organisation arrêtée avec la religieuse. Mais le courrier est intercepté par ma future « marraine » et remis à la religieuse.
Il est fort probable que papa en a reçu une autre à la place, il est même tout à fait possible qu’il ait reçu la visite des deux femmes lui apprenant que maman » a accouché sous X et m’a abandonnée ».
Son amour pour les enfants est tel que, ma famille paternelle retrouvée n’imagine pas qu’il ne se soit pas, à un moment ou à un autre, rendu à la maternité dans le but d’essayer de me reconnaître. Lui ont elles mis sous les yeux la déclaration faite à l’état civil ? Comment pourrait-il imaginer que c’est un faux, qu’il vient de tomber lui aussi dans le piège atroce qui nous a été tendu et qui va nous séparer pour toujours ?
Hors de lui, papa, un homme droit et intègre, à la limite parfois de l’entêtement, écrit sur le champ une lettre à Simonne .Celle-ci lui parviendra quelque jours seulement après son arrivée au sanatorium et la laissera anéantie :
« Madame, lui écrit-il, j’ai moi aussi mes informations, et je ne veux plus jamais vous revoir. »
En effet, ils ne se reverront jamais.
Lorsque je retrouve maman 42 ans après ma naissance, elle me communique tout ce qu’elle sait de mon père et m’informe que celui-ci m’a reconnue. Je ne sais pas si cela s’est fait avant ou après ma naissance…zone d’ombre…
On retrouve très rapidement sa trace et j’apprends qu’il est décédé en 1999, soit un an avant que je commence mes recherches…
Je ne touche pas un mot de cette disparition à maman, déjà très affaiblie par la maladie. Elle meurt le 23 mai 2002.
Ce n’est que lors de l’instruction du procès pénal, en 2004-2005, que je découvre l’étendue de la fraude et la manière ignominieuse dont papa a été spolié de sa paternité.
Depuis, J’ai effectué des recherches aux bureaux de l’état civil à Paris (Roger a vécu quelques temps avec Simonne chez la maman de ce dernier, rue du Pôle nord, dans le 18ème arrondissement et je suis née dans le 13èm).
Si une reconnaissance a été effectuée, ce n’est pas dans une mairie parisienne car rien n’a été trouvé aux différents bureaux de l’état civil..
Il faudrait chercher près des notaires.
Epaulée aujourd’hui par sa famille par alliance qui m’a transmis quelques photos et documents de lui, j’apprends qu’il ne s’est jamais remis de ce qui s’est passé et, lorsque je l’ai retrouvé, il était trop tard pour lui dire que maman ne l’avait jamais trahi et qu’elle ne nous avait jamais abandonné lui et moi.
Je ressens une grande tendresse pour sa famille: si papa n’avait pas été séparé de maman, il n’aurait pas connu la femme qu’il a aimé ensuite pendant plus de trente ans et avec laquelle il n’a pas eu d’enfants. Ils sont ses belles-sœurs, neveux et nièces, et pourtant, ils m’ont accueillie comme une des leurs, en souvenir de papa qu’ils aimaient profondément :
« Grâce à toi, c’est un peu de lui qui revit aujourd’hui. C’est un soulagement pour nous. »
Je voudrais maintenant que l’on rende justice à cet homme, à sa famille meurtrie par une souffrance qu’elle ne comprenait pas, sans m’opposer des problèmes de prescription ou d’impossibilité d’établir ma filiation paternelle pour cause de décès.
Ce lien, rompu par la fraude et la violence, devrait être rétabli aux yeux de toute la société.
Des membres de sa famille, d’ailleurs, ne s’opposeraient pas à des expertises d’ADN.
Ce serait une façon de rendre à mon père, comme la justice l’a fait pour maman, son bébé volé par des gens sans foi ni loi. Une façon aussi de reconnaître le préjudice psychologique subi par toute sa famille.
Je ne comprends pas qu’ils ne soient considérés que comme des victimes « indirectes ».
Cela pourrait m’aider aussi à porter la souffrance de ne pas l’avoir retrouvé à temps pour lui dire la vérité, ce qui lui aurait sans doute permis de partir et reposer en paix.
Car ce n’est pas seulement sa vie qu’on a ruinée ainsi que sa joie de voir vivre sa descendance, mais aussi son repos éternel qui en est certainement compromis.
Roger, papa, est enterré au cimetière de Vauvert, près de Nîmes dans la belle région du Gard ou il a passé ses dernières années.
Je remercie tous ceux qui voudront avoir une pensée pour lui.
Rozenn MOnereau